mercredi 27 juin 2012

Marion Sigaut : Les Lumières, un antihumanisme


Marion Sigaut - les lumières: un antihumanisme... par ERTV

Passionnante conférence de l’historienne Marion Sigaud le 2 juin 2012 à Marseille qui en déniaisera certains sur le prétendu humanisme des Lumières au XVIIIe siècle.

Après nous avoir rappelé l’origne catholique de l’humanisme (avec les jésuites), au moment de la découverte du Nouveau Monde, et sa définition (l’humanité est une et indivisible, le pouvoir est au service du peuple souverain), Marion Sigaud met en évidence le profond mépris du peuple que n’ont cessé de manifester les Lumières (qui ont ouvert le libéralisme économique, théorisé et mis en pratique le travail des enfants, la paupérisation des masses, le bagne, la maltraitance systématique des enfants pauvres, et la dépravation des moeurs). Lorsque la gauche (et notamment Mélenchon) ne cesse de se réclamer des Lumières, cela pose question…
 
A noter que Marion Sigaud dit être issue de la gauche, mais elle est devenue une militante de DLR, le parti de Nicolas Dupont-Aignan. A noter aussi la présence d’Etienne Chouard dans l’assemblée, avec lequel l’historienne s’entretient à certains moments.


Une simple citation de Voltaire pour la route, dans sa lettre du 1er avril 1766 à M. Damilaville :


« Je crois que nous ne nous entendons pas sur l’article du peuple, que vous croyez digne d’être instruit. J’entends, par peuple, la populace qui n’a que ses bras pour vivre. Je doute que cet ordre de citoyens ait jamais le temps ni la capacité de s’instruire ; ils mourraient de faim avant de devenir philosophes. Il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir, comme moi, une terre, et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis. Ce n’est pas le manoeuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes : cette entreprise est assez forte et assez grande. (…) Quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu. »

Vu sur :
Conspipédia

voici quelques sources concernant cette conférence :
http://www.lexilogos.com/encycloped...
http://revolution-francaise.net/200...
http://du.laurens.free.fr/auteurs/B...
http://expositions.bnf.fr/utopie/ca...
http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bp...
http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bt...

Quelques citations éclairantes de cette Encyclopédique baignée d’une Lumière très Utilitaire (voire mercantile) :
- (Article REPRESENTANTS par Boucher d’Argis)
" Pour maintenir le concert qui doit toujours subsister entre les souverains & leurs peuples, pour mettre les uns & les autres à couvert des attentats des mauvais citoyens, rien ne seroit plus avantageux qu’une constitution qui permettroit à chaque ordre de citoyens de se faire représenter, de parler dans les assemblées qui ont le bien général pour objet. Ces assemblées, pour être utiles & justes, devroient être composées de ceux que leurs possessions rendent citoyens, & que leur état & leurs lumieres mettent à portée de connoître les intérêts de la nation & les besoins des peuples ; en un mot c’est la propriété qui fait le citoyen ; tout homme qui possede dans l’état, est intéressé au bien de l’état, & quel que soit le rang que des conventions particulieres lui assignent, c’est toujours comme propriétaire, c’est en raison de ses possessions qu’il doit parler, ou qu’il acquiert le droit de se faire représenter. "

- (Article MENDIANTS par Jaucourt)
" Vous êtes des gens de loisir, disoient leurs commissaires aux Israélites, en les contraignant de fournir chaque jour un certain nombre de briques ; & les fameuses pyramides sont en partie le fruit des travaux de ces ouvriers qui seroient demeurés sans cela dans l’inaction & dans la misere. (...)
, il ne faut pas que dans une société policée, des hommes pauvres, sans industrie, sans travail, se trouvent vêtus & nourris ; les autres s’imagineroient bientôt qu’il est heureux de ne rien faire, & resteroient dans l’oisiveté. (...)
les fainéans & les libertins embrasserent cette profession avec tant de licence, que les empereurs des siecles suivans furent contraints d’autoriser par leurs lois les particuliers à arrêter tous les mendians valides, pour se les approprier en qualité d’esclaves ou de serfs perpétuels.(...)
 Je sais que la peine des galeres est établie dans ce royaume contre les mendians & les vagabonds ; mais cette loi n’est point exécutée, & n’a point les avantages qu’on trouveroit à joindre des maisons de travail à chaque hôpital, comme l’a démontré l’auteur des considérations sur les finances. Nous n’avons de peines intermédiaires entre les amendes & les supplices, que la prison. Cette derniere est à charge au prince & au public, comme aux coupables ; elle ne peut être que très - courte, si la nature de la faute est civile. Le genre d’hommes qui s’y exposent, la méprisent, elle sort promptement de leur mémoire ; & cette espece d’impunité pour eux éternise l’habitude du vice, ou l’enhardit au crime.
 En 1614 l’excessive pauvreté de nos campagnes, & le luxe de la capitale y attirerent une foule de mendians ; on défendit de leur donner l’aumône, & ils furent renfermés dans un hôpital fondé à ce dessein. Il ne manquoit à cette vûe, que de perfectionner l’établissement, en y fondant un travail ; & c’est ce qu’on n’a point fait. Ces hommes que l’on resserre seront - ils moins à charge à la société, lorsqu’ils seront nourris par des terres à la culture desquelles ils ne travaillent point ? (...) N’y auroit - il pas moyen de verser aux hôpitaux des malades la majeure partie des fonds destinés aux mendians ? & seroit - il impossible, pour la subsistance de ceux - ci, d’affermer leur travail à un entrepreneur dans chaque lieu ?
"

- (Article LUXE par Saint Lambert)
" Le luxe a pour cause premiere ce mécontentement de notre état ; ce desir d’être mieux, qui est & doit être dans tous les hommes. Il est en eux la cause de leurs passions, de leurs vertus & de leurs vices. Ce desir doit nécessairement leur faire aimer & rechercher les richesses ; le desir de s’enrichir entre donc & doit entrer dans le nombre des ressorts de tout gouvernement qui n’est pas fondé sur l’égalité & la communauté des biens ; or l’objet principal de ce desir doit être le luxe ; il y a donc du luxe dans tous les états, dans toutes les sociétés : le sauvage a son hamac qu’il achete pour des peaux de bêtes ; l’européen a son canapé, son lit ; nos femmes mettent du rouge & des diamans, les femmes de la Floride mettent du bleu & des boules de verre. "

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